Un «génocide à Gaza»? La question refait surface
Cet article vient en complément d’un entretien que nous a accordé Elisa von Joeden-Forgey, la directrice de l’Institut Lemkin. Il est à lire ici.
Relancées par les plans de l’Etat hébreu de «concentrer» la population dans le sud de Gaza et, surtout, par la famine qui sévit désormais largement du fait des blocages israéliens, les accusations sur la perpétration d’un génocide à Gaza ont ressurgi ces dernières semaines.
Récemment, une tribune dans le New York Times de l’historien Omer Bartov, reconnu comme l’un des meilleurs spécialistes de la Shoah, et qui a servi au sein de l’armée israélienne, a frappé les esprits: après avoir longtemps refusé d’utiliser le terme de génocide – même s’il mettait déjà en garde contre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis à Gaza –, il s’y est finalement résolu. De fait, même si les institutions telles que Yad Vashem, le mémorial construit en mémoire des victimes juives de la Shoah, restent sur leurs positions, les spécialistes sont aujourd’hui bien moins nombreux à ne pas invoquer «le crime des crimes». Raz Segal, un autre professeur reconnu de la question, israélien mais vivant aux Etats-Unis, a eu cette formule définitive: «Puis-je nommer quelqu’un dont je respecte le travail et qui ne considère pas cela comme un génocide? Non.»