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«L’identité électronique offre une bonne manière de se simplifier la vie en toute sécurité»

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Dans ce contexte tendu, Michael Schöll, directeur de l’Office fédéral de la justice, fait le point.

Le Temps : L’identité électronique (e-ID) sera-t-elle vraiment utile à la population?

Michael Schöll: Certainement. Aujourd’hui, de plus en plus de personnes sont actives sur Internet. Que ce soit pour des raisons professionnelles, pour les loisirs, pour conclure des contrats ou pour ouvrir un compte en banque. Lorsqu’il est nécessaire de s’identifier de manière sécurisée, l’e-ID offre une solution fiable, conviviale, efficace, simple et respectueuse de la sphère privée.

Qu’est-ce qui vous permet de dire qu’elle est fiable?

Lors du développement, nous avons mis, et continuerons à mettre, l’accent sur la sécurité de l’information et sur la protection des données personnelles, d’une part, et la convivialité, d’autre part. Je suis convaincu que nous avons trouvé le juste équilibre. Ma conviction repose également sur le fait que nous continuons à apprendre et que nous continuerons à développer l’e-ID à l’avenir.

De nombreuses entreprises privées seront tentées d’exiger l’identité électronique pour toute transaction sur Internet. Comment éviter qu’elle ne devienne obligatoire à l’usage?

Le Conseil fédéral et le Parlement ont clairement stipulé que l’e-ID est facultative. Elle ne peut être exigée que s’il existe une base légale ou si cette demande est nécessaire pour garantir la fiabilité d’une transaction, notamment pour prévenir les fraudes et les vols d’identité. L’e-ID ne peut être exigée sans raison valable.

Vous dites que l’e-ID ne sera pas obligatoire. Pourtant, elle sera nécessaire pour indiquer ses volontés concernant le don d’organe. N’est-ce pas un peu contradictoire?

A première vue, cela peut sembler contradictoire. C’est vrai, avec l’identité électronique, je peux consigner ma volonté dans le registre des déclarations relatives au don d’organes et de tissus. Toutefois, je peux également exprimer cette volonté par le biais d’une carte de donneur, de directives anticipées ou en discutant de mon souhait avec mes proches.

Michael Schöll, directeur de l'Office fédéral de la justice. Berne, le 12 juin 2025. — © Marco Zanoni / LUNAX pour Le Tem / Marco Zanoni

Michael Schöll, directeur de l’Office fédéral de la justice. Berne, le 12 juin 2025. — © Marco Zanoni / LUNAX pour Le Tem / Marco Zanoni

Avez-vous également évalué les risques technologiques de dérives de la part d’entreprises privées?

Le législateur a activement envisagé ce risque et a mis des garde-fous dans la loi. Concrètement, ça veut dire que si une entreprise demande ou enregistre trop de données, vous pouvez le signaler aux autorités fédérales. Si votre réclamation s’avère justifiée, les utilisateurs futurs seront avertis en conséquence.

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Autre point technique important: l’accès sur tous les supports est-il garanti?

Sur ce point, le Conseil fédéral a dû concilier deux objectifs. D’une part, la sécurité et, d’autre part, la liberté de choisir l’appareil et le type de portefeuille électronique. Le portefeuille électronique de la Confédération, swiyu, ne sera disponible que sur smartphones. Ces derniers devront répondre à certaines exigences, comme les mises à jour régulières de sécurité.

Pensez-vous que la population a assez de compétences pour utiliser cet outil?

Il me semble que nous avons tous encore des choses à apprendre en matière de numérisation, y compris l’administration. Et le Conseil fédéral est convaincu que l’e-ID donnera une impulsion positive dans ce domaine. Il est toutefois évident que l’identité électronique doit être accessible et aussi simple d’utilisation que possible. Elle offre une bonne manière de se simplifier la vie en toute sécurité.

Michael Schöll, directeur de l'Office fédéral de la justice. Berne, le 12 juin 2025. — © Marco Zanoni / LUNAX pour Le Tem / Marco Zanoni

Michael Schöll, directeur de l’Office fédéral de la justice. Berne, le 12 juin 2025. — © Marco Zanoni / LUNAX pour Le Tem / Marco Zanoni

Une simplicité qui devrait faciliter son adoption. Avez-vous des objectifs chiffrés au moment du lancement de l’outil en été 2026?

Nous tablons sur un million d’e-ID et de permis de conduire électroniques les douze premiers mois après le lancement. Les personnes intéressées devront s’assurer d’avoir une pièce d’identité valable avant de télécharger l’application swiyu. Une fois cette étape franchie, il faudra télécharger sa pièce d’identité dans l’application. Son authenticité sera vérifiée par la police fédérale, l’autorité responsable de nos documents d’identité aujourd’hui. Une fois cette étape franchie, il faudra effectuer un selfie vidéo. Ce dernier sera comparé à la photo de la pièce d’identité. Une fois cette opération validée, l’identité électronique sera émise. L’ensemble du processus ne devrait prendre que quelques minutes. Toutefois, nous nous attendons à ce que la mise en œuvre de l’émission d’une e-ID prenne plus de temps au début et à ce que les personnes intéressées se trouvent dans une file d’attente virtuelle. Une fois installée, l’e-ID est stockée dans le portefeuille sécurisé swiyu, délivré gratuitement par la Confédération. La force de cette infrastructure de confiance tient dans le fait qu’elle peut aussi servir à d’autres preuves ou justificatifs électroniques, comme le permis de conduire électronique, le diplôme de fin de formation, l’attestation de domicile ou encore l’extrait du casier judiciaire.

Aussi sûre et sécurisée soit-elle, l’identité électronique inquiète au point qu’un référendum a été lancé contre cette solution numérique. Qu’est-ce qui vous permet d’être si confiant?

Le nouveau projet tient compte des exigences des opposants au projet qui a été rejeté il y a quatre ans lors d’une votation populaire. L’e-ID sera désormais délivrée par l’Etat. Elle est conçue de manière à garantir une protection optimale de la sphère privée. De plus, elle a été élaborée dans le cadre d’un processus transparent et participatif. Je suis donc convaincu que l’e-ID obtiendra un large soutien lors de ce deuxième scrutin. Cependant, il ne m’appartient pas de préjuger d’une décision démocratique du peuple, mais j’attends le résultat avec impatience.

Et si malgré tout la population ne veut pas de votre identité électronique étatique, que se passera-t-il?

C’est simple: il n’y aurait pas d’e-ID de la Confédération. Cependant, tout ne serait probablement pas perdu. Nous devrions notamment examiner plus en détail comment certaines parties de l’infrastructure de confiance pourraient tout de même être utilisées, par exemple, pour le permis de conduire électronique.

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