Grace Jones et Yseult au Montreux Jazz, le corps comme arme
La diva se situe dans l’interstice souvent imperceptible entre l’être et le paraître. Regardez Grace Jones qui chante Nightclubbing sur un trône de carton-pâte, avec un masque doré en forme de crâne et un complet croisé. Elle déplie ses jambes de mante religieuse, montre les dents, demande du vin de communion dans un verre à Bordeaux. Chacun voit le burlesque, l’artifice, et pourtant nul n’est plus sincère que cette femme de 77 ans dont la vie entière est un accident tourné en grâce.
Regardez Yseult, en première partie. On avait aimé cette voix friable, suspendue au-dessus d’un vide abyssal, sa musique qui laissait à l’autre le soin de s’y trouver. Elle revient en égérie à clous, filet résille, quelque part entre la maîtresse BDSM et le hard rock de grand-papa. Le volume de sa bande préenregistrée, pleine de guitares et d’affèterie, est si mal géré que la puissance se vit comme une agression.