Dolores Prato (Rome, 1892-Anzio, 1983) est l’auteure d’un monumental roman autobiographique, Bas la place y’a personne (Verdier, 2018), une des œuvres fondamentales de la littérature italienne du XXe siècle. On retrouve avec le même plaisir la profondeur de pensée et l’esprit fantasque de l’écrivaine dans Rome, rien d’autre, recueil d’articles parus dans les journaux entre les années 1950 et 1978. Ces «divagations tibérines» nous transportent dans une Rome antique et orientale qui brûle du feu vivant de ses deux mille ans d’histoire.
Dans le chapitre «Le monde sous terre» (car ces proses se lisent comme autant de compositions d’une suite romanesque), la narratrice nous embarque dans ses errances à travers la ville, quand elle suit un groupe de personnes qui s’achemine vers les catacombes avec une «démarche furtive, rapide, silencieuse, comme celle que nous attribuons aux premiers chrétiens lorsqu’ils se réunissaient secrètement.» Descendant un escalier qui s’enfonce sous terre, on se retrouve bientôt dans une très haute et vaste basilique à entendre un puissant Kyrie. Chez elle, le monde païen gréco-romain n’est jamais très loin de la Rome de Pierre.
