Qui est vraiment « NicolasQuiPaie » ?

Le compte X « NicolasQuiPaie » intrigue, mais on en sait beaucoup plus maintenant sur ce qu’il recouvre.
Le compte a aujourd’hui 55.000 abonnés ; l’expression « C’est Nicolas qui paie ! » est devenue virale. Des hommes politiques n’ont pas hésité à l’utiliser, même au sein de l’hémicycle, et Jean-Luc Mélenchon a été interrogé à son sujet le 21 juin sur RMC, même s’il ne savait pas, lui, ce dont on parlait… Mais qui se cache donc derrière cet intitulé, dont, à voir l’iconographie, on croit reconnaître un jeune cadre de type caucasien ?
Pour les médias de gauche et d’extrême gauche, l’affaire est entendue : il s’agit d’un cache-sexe de l’extrême droite acoquinée aux « ultralibéraux », les deux termes étant d’ailleurs synonymes. Petite revue de presse dans l’ordre chronologique. A tout seigneur, tout honneur : L’Humanité (18 juin 2024) allègue qu’il s’agit du « signe d’un camp (l’extrême droite) qui assume de plus en plus un projet ultralibéral ». Pour le Huffington Post (27 juin 2025), avec cet homme de type caucasien qui paie pour tout le monde, « l’extrême droite adoube un cheval de Troie raciste et réactionnaire. Le même jour, Le Nouvel Obs constate que cette dernière « camoufle ses idées rances derrière la critique de l’impôt ». Toujours modéré, Mediapart (2 juillet 2025) intitule son article « Quand le racisme rencontre la haine de l’impôt ». Son chapô mérite une citation complète : « L’extrême droite libertarienne française s’appuie actuellement sur la formule pour pourfendre le consentement à l’impôt (on se demande bien lequel !) et le modèle social français, tout en avançant des idées xénophobes. Un cocktail nauséabond ». Quant à France Culture (8 juillet 2025), elle se réfère à une « expression portée par l’extrême droite, vision fantasmée et porteuse d’idées xénophobes ».
Le dossier consacré par Le Figaro magazine (11-12 juillet 2025) à « La révolte des ‘Nicolas’ » permet d’y voir un peu plus clair puisqu’il comporte en exclusivité un entretien avec le propriétaire du compte X. « Je suis un particulier issu de la classe moyenne », commence-t-il assez vaguement. Suis une définition tout aussi brumeuse : « Je me définis comme un minarchiste identitaire », le magazine croyant bon d’ajouter entre parenthèses « courant libertarien ».
Ce « Nicolas » développe effectivement la conception d’un État minimal conforme aux canons d’un libéralisme classique : un « État minimal qui se concentre sur le régalien », une « liberté maximale des Français et des entreprises ». Le modèle social français est « à bout de souffle », si bien qu’il conviendrait de sortir « de l’assistanat et de l’État nounou ». A s’en tenir à ce premier point de la définition, les libéraux ne peuvent qu’applaudir.
Malheureusement, les choses se gâtent franchement avec le second point de la définition : « J’y intègre une dose supplémentaire de pragmatisme en visant à préserver l’identité française, principalement en ce qui concerne les règles implicites de vie en société ». Or, en politique française, « pragmatisme » renvoie à trahison des principes, si bien que le terme laisse déjà songeur. Mais surtout la notion de « minarchiste identitaire » mêle des termes inconciliables. En ce sens, si la presse de gauche a tort de confondre libéralisme et extrême droite, on ne peut lui donner tort quand elle subodore que ce « NicolasQuiPaie » n’est qu’un faux nez, en définitive sans grande finesse, des thuriféraires de « l’union des droites ». Car l’aspect « identitaire » aura vite fait de prendre le pas sur l’aspect libéral…
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