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Plurilinguisme à Berne: la capitale en plein déni?

Les classes bilingues: un projet de cohésion sacrifié

Lancées en 2018 dans le cadre d’un projet pilote de la ville de Berne, les classes bilingues constituent une solution prometteuse à ce dilemme, au moins sur le papier. Loin de tout repli communautaire, elles visent à assurer un enseignement bilingue, intégré dans des écoles publiques de quartier, et compatible à la fois avec les plans d’études alémanique et romand.

L’expérimentation a suscité un enthousiasme immédiat: les demandes d’inscription ont largement dépassé l’offre du projet pilote, des quartiers ont exprimé leur volonté d’accueillir de nouvelles classes et l’écho médiatique s’est fait entendre bien au-delà de la ville.

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Mais ces espoirs ont été balayés du revers d’une main par un tour de force du dicastère municipal chargé du dossier, sans consultation préalable des milieux concernés. Les classes bilingues seront supprimées dès la rentrée 2026, sans alternative en vue. Cette vision pédagogique inclusive, cohérente avec les ambitions écologiques et sociales de la ville, n’a pas résisté aux réticences tenaces des services scolaires municipaux, manifestement indifférents aux enjeux en lien avec l’altérité linguistique découlant du statut de Berne en tant que capitale cantonale et fédérale.

A cette claque inattendue s’ajoute une autre menace: la possible fermeture l’Ecole cantonale de langue française (ECLF), seul établissement public francophone de la région, dans le viseur du plan d’économies du Conseil fédéral.

Moins d’écoles, plus d’autoroutes?

Supprimer l’offre scolaire en français à Berne, c’est condamner les familles à renoncer, au moins sur un plan scolaire, à la transmission de leur langue à leurs enfants – ou à prendre la route vers des contrées linguistiquement plus accueillantes, au prix des heures perdues, des inévitables coulées de béton et des incohérences d’un modèle de développement que l’on croyait derrière nous.

Cela revient aussi à nier les résultats du vote historique du 24 novembre sur l’élargissement des autoroutes, particulièrement marqué en ville de Berne, où près de 75% des votantes et votants ont glissé un non. Si l’on veut réduire le mitage, les trajets et la circulation, il faut impérativement répondre aux besoins spécifiques de l’écosystème plurilingue de la Berne fédérale – et proposer des alternatives crédibles à la «navette». Cela demande une action coordonnée et durable de la Confédération, des cantons et des communes concernées dans leurs domaines de compétence respectifs, allant au-delà de projets pilotes isolés.

L’électrochoc déclenché par l’annonce de la fermeture de deux écoles emblématiques réveillera-t-il enfin les consciences? On ne peut que l’espérer. Si la parité de traitement des communautés linguistiques dans cet écosystème reste un enjeu politique majeur, et que le mitage territorial à outrance n’est plus une option, repenser la dimension linguistique de nos espaces de vie s’impose. Cela passe aussi, et surtout, par l’école!

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