Le prix du silence: l’affaire Christophe Gleizes et les limites du journalisme de sport
Le 29 juin, le journaliste français Christophe Gleizes a été condamné par un tribunal de Tizi Ouzou, en Algérie, à 7 ans de prison pour «apologie du terrorisme» et «possession de publications dans un but de propagande nuisant à l’intérêt national». Journaliste indépendant travaillant pour le groupe So Press, il avait été arrêté treize mois dans le cadre d’un reportage sur le club de la JS Kabylie, emblématique bastion du football kabyle et, au-delà, d’un certain pan de la mémoire indépendantiste algérienne. Certains soutiens du club sont jugés proches du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, organisation classée comme terroriste par les autorités algériennes.
Christophe Gleizes, qui préparait un article sur les 80 ans du club, est ainsi devenu malgré lui le protagoniste d’un affrontement diplomatique larvé entre la France et l’Algérie – et un symbole de la gravité des enjeux lorsque le journalisme sportif touche des nerfs à vif. Parfois, une histoire apparemment marginale révèle une faille bien plus profonde. Un cas d’école où le journalisme sportif, trop souvent relégué aux pages de résultats et aux portraits de vestiaires, se heurte de plein fouet à des enjeux diplomatiques, politiques, identitaires. Et à une forme moderne de censure, plus insidieuse mais tout aussi redoutable.
