Le prix des F-35 achetés par la Suisse s’envole, mais le Conseil fédéral est réticent à articuler un chiffre
La Suisse s’est engagée à acheter 36 avions de combat F-35A pour 6 milliards de francs. Le pays désire également acquérir 5 unités des systèmes américains Patriot pour la défense antiaérienne. Un achat devisé à près de 2 milliards. Deux programmes qui représentent le plus gros contrat d’armement de l’histoire suisse.
Depuis quelques mois, les craintes autour de ces achats se multiplient. Pour les avions, c’est le montant de la facture qui inquiète: il va grimper. Pour le système Patriot, les problèmes se multiplient et les retards de livraison interrogent. Hormis ces deux éléments, c’est toute l’enveloppe du programme de renouvellement des moyens de protection de l’espace aérien Air2030 qui s’alourdit. C’est du moins ce qu’a annoncé, ce mercredi, Martin Pfister, conseiller fédéral en charge de Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS).
Un prix fixe qui reposerait sur un «malentendu»
En février dernier, la NZZ am Sonntag révélait que l’acquisition d’un F-35A pourrait coûter jusqu’à 20% de plus que prévu. La semaine dernière, c’est la SRF qui estimait que ces avions pourraient représenter une charge supplémentaire d’environ 1,3 milliard de francs.
Mais qu’en est-il réellement? Le Conseil fédéral confirme les intentions des Etats-Unis en ces termes: «En août 2024, le Joint Program Office (JPO), qui est responsable de tous les projets liés au F-35, a annoncé à armasuisse qu’il pourrait y avoir un surcoût, sans plus de précisions. A la fin février 2025, la Defense Security Cooperation Agency (DSCA) a informé la Suisse par écrit que le prix ferme convenu reposait, selon elle, sur un malentendu, sans pour autant chiffrer les coûts supplémentaires. La conseillère fédérale Viola Amherd, alors cheffe du DDPS, a fait part de ce courrier au Conseil fédéral début mars 2025. Enfin, à la mi-juin 2025, les Etats-Unis ont confirmé leur position à une représentation du DDPS, précisant pour la première fois le montant en question».
Si le Conseil fédéral reste très discret sur le chiffre articulé outre-Atlantique, il sait que le prix de ces avions va grimper. Ne serait-ce que pour les projets immobiliers liés à ces appareils: «Les F-35 nécessitent la construction de nouveaux hangars sur les bases aériennes de Payerne, Emmen et Meiringen, ainsi que de locaux pour abriter des simulateurs et l’infrastructure TIC (Technologies de l’Information et de la Communication, ndlr)». Le renchérissement dans le secteur du bâtiment et les exigences accrues en matière de sécurité occasionnent des coûts additionnels de 60 millions de francs. Ils s’ajoutent aux 120 millions déjà budgétés pour ces bâtiments.
Malgré ces difficultés, le Conseil fédéral maintient son intention d’acheter les F-35: «Une rupture du contrat avec le gouvernement américain aurait des conséquences considérables. Elle empêcherait la Suisse de garantir la sécurité de son espace aérien et de sa population à partir de 2032, étant donné que les avions de combat F/A-18 actuels arrivent au terme de leur durée d’utilisation». Seule voie possible pour le gouvernement, la négociation. Le DDPS est donc chargé de «poursuivre les discussions diplomatiques», en vue de «résoudre cette problématique».
D’autres surcoûts à prévoir?
Le programme Air2030 comprend également d’autres acquisitions. Notamment le système de surveillance de l’espace aérien SkyView 4.0, de l’entreprise française Thales. Ce logiciel est encore en phase de développement. Mais le Conseil fédéral le reconnaît: «la complexité et l’étendue de cette implémentation ont été largement sous-estimées au départ». Les contrats existants devront donc être adaptés, tout comme «les montants correspondants». Là aussi, le gouvernement n’articule aucun chiffre étant donné que des négociations sont toujours en cours.
Développement suit.