Le «CLARITY Act», une loi de régulation des cryptos, adoptée par la Chambre des représentants américaine
Etape historique pour le développement du marché des cryptomonnaies aux Etats-Unis et au-delà. La Chambre des représentants a adopté jeudi la première loi américaine de régulation de ces monnaies virtuelles, tandis que deux autres textes relatifs au secteur ont également été validés.
Le CLARITY Act, qui doit maintenant être examiné par le Sénat, dote les Etats-Unis d’un cadre réglementaire plus clair, conformément aux souhaits du gouvernement de Donald Trump, très favorable à cette industrie. Cette loi fait partie d’un ensemble de trois textes examinés jeudi par la chambre basse du Congrès américain, une rupture après l’échec de nombreuses propositions à la Chambre ou au Sénat ces dernières années.
Plusieurs élus démocrates ont émis des réserves sur le texte, jugé insuffisamment protecteur pour les investisseurs dans un milieu où fraudes, escroqueries et blanchiment ne sont pas rares.
«Le CLARITY Act va aider à initier l’âge d’or des actifs numériques», a commenté sur X l’élu républicain Mike Flood.
Un mandat favorable aux cryptomonnaies
La perspective de cette journée historique avait propulsé lundi le bitcoin à un nouveau record, à 123 205,09 dollars.
Les trois lois marquent le point d’orgue d’une séquence sans précédent, lancée par Donald Trump depuis son investiture. Longtemps critique de ce milieu, l’ancien promoteur immobilier a changé son fusil d’épaule durant sa dernière campagne, au point de promettre monts et merveilles aux acteurs des cryptomonnaies.
Son gouvernement a mis fin à toutes les procédures judiciaires majeures contre des poids lourds de l’industrie et placé à la tête du régulateur des marchés financiers un sympathisant du mouvement. Il a aussi créé une réserve stratégique alimentée par les 200 000 bitcoins saisis par les autorités américaines dans des procédures judiciaires.
Et Donald Trump pourrait même aller plus loin en prenant, dans les prochains jours, un décret autorisant les fonds de pension réglementés, les 401(k), à intégrer les devises numériques à leurs actifs de placement, selon le Financial Times. Fin mars, ces fonds de pension affichaient quelque 8700 milliards de dollars d’actifs sous gestion, selon l’organisme professionnel ICI (Investment Company Institute).
Le «GENIUS Act» également adopté
Immédiatement après l’adoption du CLARITY Act, un nouveau vote a débuté, celui-là sur le GENIUS Act, qui instaure un dispositif législatif pour les «stablecoins», des cryptomonnaies adossées à une devise classique. Là encore, le texte a été largement adopté, des dizaines de membres du parti démocrate se prononçant favorablement aux côtés de la majorité républicaine. Il va ensuite être soumis au président américain Donald Trump pour ratification.
Les stablecoins sont considérés comme un outil majeur de la popularisation des cryptomonnaies, bien davantage que le bitcoin, qui ne présente pas d’utilité autre que spéculative. Ils sont censés incarner le meilleur des deux mondes, à savoir la stabilité d’une monnaie traditionnelle comme le dollar et la facilité de transaction offerte par les cryptomonnaies, y compris d’un pays à l’autre.
Le GENIUS Act, adopté au Sénat mi-juin, oblige les émetteurs de stablecoins à conserver des réserves au moins équivalentes à la valeur totale en circulation, sous forme d’actifs rapidement mobilisables comme des dépôts bancaires ou des bons du Trésor.
Plusieurs banques travaillent déjà à leur stablecoin, de même que des acteurs du commerce en ligne comme Amazon et Walmart, tandis que Meta, Uber ou Airbnb envisagent de les adopter. De nombreux élus du Congrès, tout comme Donald Trump, y voient un vecteur de renforcement du dollar, grâce à la diffusion mondiale de stablecoins adossés au billet vert.
Des lois qui «ouvrent la voie à la prochaine crise financière»
Un peu plus tard jeudi, la Chambre a fait passer un troisième texte, retranscrivant dans la loi un décret pris fin janvier par Donald Trump interdisant au gouvernement de créer sa propre cryptomonnaie. Plusieurs observateurs ont interprété cette directive comme un geste de plus pour favoriser l’initiative privée dans l’univers des cryptomonnaies, la start-up World Liberty Financial, associée à Donald Trump, ayant récemment lancé son propre stablecoin, l’USD1.
«Ces lois crypto ne sont pas seulement insuffisantes pour protéger les consommateurs», a réagi sur X la représentante démocrate Maxine Waters. «Elles donnent le feu vert aux arnaques de Trump et ouvrent la voie à la prochaine crise financière.»
Le président est ainsi accusé de conflit d’intérêt par plusieurs élus de gauche et des observatoires de la vie publique. En moins d’un an, Donald Trump s’est associé à plusieurs produits et start-up du mondes des cryptomonnaies et a, au passage, plus que doublé sa fortune personnelle.