Amour et amitié d’outre-tombe dans les Appalaches
Ron Rash nous avait laissé en 2017 avec son roman le plus poétique, Un silence brutal, irradiant de descriptions végétales, minérales et animales, dans un souffle écologiste exprimant l’indicible et silencieuse beauté de la terre. A 71 ans, l’écrivain, poète et nouvelliste américain nous revient avec un huitième roman, sans aucun doute le plus romantique, Une tombe pour deux (The Caretaker, 2023): une histoire d’amour shakespearienne dans une petite ville de Caroline du Nord, au cœur des Appalaches, décor naturel et personnifié de la plupart de ses livres. Si son best-seller Serena, finaliste du PEN/Faulkner Award 2009, adapté au cinéma et en BD, faisait écho à la tragédie de Macbeth, Une tombe pour deux ne manquera pas de faire penser à celle de Roméo et Juliette.
A Blowing Rock, comté de Watauga, dans les années 1950, la famille Hampton est propriétaire de nombreux et vastes terrains, de la scierie et de l’épicerie générale. Une bonne partie de la communauté lui est redevable pour ses largesses durant la Grande Dépression. Ayant perdu leurs deux filles, les parents couvent leur fils unique Jacob, lui traçant un destin universitaire. Mais celui-ci n’en fait qu’à sa tête. Il rencontre un soir au cinéma la très jeune Naomi Clarke, fille peu instruite d’un paysan pauvre et veuf du Tennessee voisin, venue travailler dans une auberge. Il a tout juste 20 ans, elle en a 16. C’est le coup de foudre. Ils se marient deux mois plus tard, au grand désarroi des parents de Jacob qui le déshéritent en même temps que sa femme. Quand Naomi tombe enceinte, Jacob est appelé sous les drapeaux pour aller combattre en Corée.