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Khatia Buniatishvili en récital géant

Après un premier récital sous la Tente du Festival de Gstaad en 2023 au programme très fragmenté, Khatia Buniatishvili revient à une architecture plus «classique» – avec un grand cycle et deux sonates – sans pour autant renier son goût pour le spectaculaire. La preuve en trois tableaux.

Khatia Buniatishvili revient à une architecture plus «classique». — © Esther Haase

Khatia Buniatishvili revient à une architecture plus «classique». — © Esther Haase

Pour se «mettre en doigts»: quatre «Impromptus» de Franz Schubert

Dans le même esprit que l’impromptu poétique – une petite pièce en vers composée sur-le-champ et sans préparation, in promptu, c’est-à-dire «à portée de main» –, l’impromptu musical est une œuvre de forme libre dans laquelle le compositeur fait croire à une sorte d’improvisation instantanée. Dédiés pour la plupart au piano, les impromptus les plus célèbres portent les signatures de Chopin, Fauré et Schubert. Ce dernier s’attelle à la composition des siens vers la fin de sa courte et fulgurante existence, entre 1827 et 1828. On situe la composition de la première série en septembre 1827, lors des vacances que passe Schubert à Graz en compagnie de son ami Jenger chez Karl et Marie Pachler, un grand mélomane et une excellente pianiste. Certains évoquent l’influence de Jan Václav Voříšek et de ses Impromptus op. 7. Les deux premiers sont publiés en décembre chez Thomas Haslinger à Vienne: on vise le public amateur mais celui-ci, au vu du piètre résultat commercial, semble peu sensible au charme de ces pages. Il faut attendre 1855 pour voir la sortie du cahier complet.

Chopin, JFK… et Leonid Brejnev!

Comme beaucoup de chefs-d’œuvre, la Deuxième Sonate pour piano de Chopin a été frappée du sceau de l’incompréhension lors de sa création, à commencer par celle de Robert Schumann, pourtant chroniqueur sensible et clairvoyant de la vie musicale de son temps. Il est vrai que l’œuvre ne naît pas d’une seule traite: la Marche funèbre voit le jour deux ans avant les trois autres mouvements, soit en 1837. On raconte – fantasme? – qu’elle aurait été écrite pour célébrer l’anniversaire de l’insurrection de Varsovie de 1831 qui avait profondément marqué la jeunesse du musicien polonais exilé à Paris. Une chose est sûre: l’inspiration jaillit avec force de toutes parts et notamment de la construction globale du mouvement qui par la finesse de ses inflexions – de la marche inexorable du début jusqu’au bouleversant Trio central – constitue un défi de taille pour tout pianiste qui l’aborde. «Rien n’est plus facile que de faire de ce Trio la chose la plus commune, confie son élève Wilhelm von Lenz, rien n’est plus difficile que d’en élever le charme mélodique à la hauteur de l’affliction qui pèse sur tout le poème de la Marche funèbre… Le Trio est une pierre de touche à laquelle on reconnaît si l’exécutant est poète ou s’il n’est que pianiste, s’il sait parler ou s’il ne fait que jouer du piano.» Elevée par la postérité au rang d’archétype, on l’entend résonner lors des services funèbres de personnalités aussi culturellement éloignées que John F. Kennedy et… Leonid Brejnev!

Les «libertés» hongroises de Franz Liszt

Hongrois d’origine, Franz Liszt a passé l’essentiel de sa vie loin de sa patrie – à Vienne, puis à Paris (où il fonde sa réputation européenne), Weimar (où il est Kapellmeister de la cour) et Rome (où il prend les ordres mineurs en 1865). Cela ne l’a pas empêché de demeurer très attaché à la terre de ses ancêtres… et de prendre (sans le vouloir) quelques «libertés» avec l’histoire: ainsi lorsqu’il couche sur le papier ses fameuses Rhapsodies hongroises (dont la composition s’échelonne sur quarante ans), croyant rendre hommage au folklore magyar (qui ne sera exhumé de sa torpeur qu’au début du XXe siècle), il célèbre en fait la musique tzigane. On trouve certes chez cette dernière quelques éléments hongrois comme l’échelle pentatonique, mais pas les mélodies si caractéristiques ni la sobriété de l’expression. Composées – une fois n’est pas coutume – d’abord pour orchestre (1858) puis pour piano (1860), les Méphisto-Valses filent, quant à elles, un thème récurrent dans la production lisztienne: la représentation du Malin!

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