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Incarcération du maire d’Istanbul: les Turcs restent mobilisés

«Ce n’est pas un rassemblement mais une action de défiance contre le fascisme», a lancé Ozgur Ozel, le leader du CHP, principal parti d’opposition, aux dizaines de milliers de personnes réunies devant la municipalité d’Istanbul où des manifestations sont organisées tous les soirs depuis l’arrestation du maire mercredi dernier.

«Enterrez ceux qui vous ignorent», a également déclaré Ozgur Ozel, en référence aux chaînes progouvernementales qui ne diffusent pas les images des manifestations. Il a appelé au boycott de ces chaînes et d’une dizaine de compagnies qu’il estime proches du gouvernement, dont une chaîne de cafés.

Des étudiants mobilisés, lundi 24 mars, à Istanbul. — © Huseyin Aldemir / keystone-sda.ch

Des étudiants mobilisés, lundi 24 mars, à Istanbul. — © Huseyin Aldemir / keystone-sda.ch

Plus de 1130 personnes arrêtées en six jours

Ce mouvement, d’une ampleur inédite depuis la grande vague de protestation de Gezi à Istanbul, en 2013, suscite une réaction musclée des autorités. Les manifestations ont été interdites dans les trois plus grandes villes du pays − Istanbul, Ankara et Izmir − et plus de 1130 personnes ont été interpellées en six jours tandis que 43 ont été arrêtées lundi soir, selon le ministre de l’Intérieur. Il a affirmé que 123 policiers avaient été blessés dans des heurts en marge des rassemblements.

Des policiers anti-émeutes utilisent du gaz poivré à Istanbul, lundi 24 mars 2025, pour disperser des manifestants. — © Khalil Hamra / keystone-sda.ch

Des policiers anti-émeutes utilisent du gaz poivré à Istanbul, lundi 24 mars 2025, pour disperser des manifestants. — © Khalil Hamra / keystone-sda.ch

«Cessez de troubler la paix de nos concitoyens par vos provocations», a martelé lundi le président turc Recep Tayyip Erdogan en s’adressant à l’opposition lors d’un discours télévisé. «Ne jouez plus avec les nerfs de la nation», a-t-il affirmé.

Au moins dix journalistes, dont un photographe de l’AFP, ont été arrêtés lundi à l’aube à leur domicile à Istanbul et Izmir, a rapporté l’association turque de défense des droits humains MLSA. «Ces attaques et entraves à la liberté de la presse doivent cesser immédiatement. (…) Nous demandons la libération des journalistes interpellés et appelons le ministre de l’Intérieur Ali Yerlikaya à prendre des mesures pour s’assurer que les forces de l’ordre respectent le droit d’informer», a réagi Erol Önderoglu, représentant de RSF en Turquie.

Pour tout comprendre: L’arrestation du maire d’Istanbul provoque un séisme et ébranle l’opposition turque

«Les autorités turques doivent mettre fin à l’usage inutile et aveugle de la force par les forces de sécurité contre des manifestants pacifiques, et enquêter sur les actes de violence illégaux commis par la police», a déclaré de son côté Amnesty International dans un communiqué.

Inquiétudes des Européens

Démis de ses fonctions et incarcéré dimanche, le maire d’Istanbul était au même moment investi par son parti, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), première force de l’opposition, comme son candidat à la prochaine présidentielle prévue en 2028. Cette primaire purement symbolique, maintenue dimanche par le CHP de Mustafa Kemal, le fondateur de la République turque, a réuni quelque 15 millions de votants en soutien à l’édile.

Lire encore: «Je suis debout, je ne plierai jamais», déclare le maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, après son incarcération pour corruption

La Grèce s’est émue lundi de la situation «instable et préoccupante» chez sa voisine. Et l’Union européenne a appelé la Turquie à «respecter les valeurs démocratiques».

«L’incarcération du maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu ainsi que de nombreuses autres personnalités constituent des atteintes graves à la démocratie», a déploré dimanche soir la diplomatie française, après avoir déjà condamné son arrestation mercredi.

A l’unisson, l’Allemagne, où vit la plus grande communauté turque à l’étranger, a condamné lundi l’incarcération et la suspension «totalement inacceptables» d’Ekrem Imamoglu, Berlin y voyant un «mauvais signal pour la démocratie».

Chute de la Bourse ainsi que de la livre turque

L’arrestation du maire a mis sous pression l’économie de la Turquie, déjà aux prises avec une grave crise inflationniste, entraînant une chute de la Bourse ainsi que de la livre turque, tombée à son plus bas historique face au dollar.

Le président turc a évoqué lundi «des fluctuations artificielles sans fondement dans l’économie». «Nous avons géré avec succès la récente volatilité du marché en utilisant efficacement les outils à notre disposition», a-t-il assuré.

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