Et si la Belgique disparaissait ? La France et les Pays-Bas évoquent (très sérieusement) un partage du pays

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Une déclaration vient de raviver
les vieux débats territoriaux en Europe de l’Ouest. Martin Bosma,
président de la Chambre des représentants néerlandaise et membre du
parti d’extrême droite PVV, a en effet affirmé lors d’un dîner avec
l’ambassadeur de France à La Haye que « les Pays-Bas veulent que la
Flandre les rejoigne », tandis que « la Wallonie pourra aller en
France ».

Ce scénario, digne d’un roman d’uchronie n’est pourtant pas
nouveau. Il reprend en effet le vieux rêve du “Grand
Pays-Bas”, une entité unissant tous les néerlandophones de la
Flandre aux Pays-Bas
en passant par Bruxelles. L’idée, longtemps marginale, est même
désormais évoquée au sommet du Parlement néerlandais. Il faut
croire que Bosma, membre du Parti pour la liberté fondé par Geert
Wilders — victorieux des élections législatives de 2023 —, n’a pas
démenti ses propos : « Lors d’une soirée comme celle-là, on
parle de politique et de choses qui pourraient éventuellement
arriver ».
Un projet de
l’extrême droite des Pays-Bas
Ce projet de se partager la Belgique trouve ainsi un écho
certain en Flandre. Notamment au sein du Vlaams Belang, formation
d’extrême droite flamande ouvertement indépendantiste. Il rejoint
aussi les aspirations de Bart De Wever, président du parti
nationaliste N-VA et actuel Premier ministre belge pour qui le rêve
d’un État flamand indépendant reste vivace. De Wever avait déjà
déclaré en 2021 que « tous les néerlandophones vivraient un
jour à nouveau ensemble ». Ce qui rappelle que
Flandre et Pays-Bas ne faisaient qu’un jusqu’en 1585, avant la
scission consécutive à la guerre de Quatre-Vingts Ans.
La France
interpellée par cette proposition
Côté francophone, l’idée d’un rattachement de la Wallonie à la
France, bien que moins discutée publiquement, refait régulièrement
surface. La France, officiellement silencieuse sur le sujet, se
retrouve en effet aujourd’hui interpellée par cette proposition
venue du nord. Pour autant, la population reste largement
sceptique. Déjà en 2010, un sondage de Synovate Nederland révélait
que seuls deux Néerlandais sur dix soutenaient cette union
territoriale. Une autre enquête, menée en 2007 qui indiquait un
taux de soutien de 45 % à une fusion entre les Pays-Bas et la
Flandre.
Les mentalités évoluent
Reste que les mentalités évoluent. Comme le disait De
Wever : « Le fédéralisme était impensable en Belgique dans les
années 60, c’était la réalité dans les années 70. Le confédéralisme
est difficile à imaginer aujourd’hui, ce sera peut-être la réalité
de demain. » Une Belgique partagée entre Paris et La Haye ?
Une hypothèse autrefois farfelue qui, aujourd’hui, semble trouver
de nouveaux partisans.