Dire « wesh » ou « wallah » à l’école pourrait valoir une sanction dès la rentrée… ce que prévoit l’Éducation nationale

– Publié le – Modifié
le
En trois jours, la vidéo TikTok
dans laquelle une voix off annonce : « Dès la rentrée, dire
« wesh » ou « wallah » pourra coûter 130 €
d’amende dans les établissements scolaires » a atteint les deux
millions de vues. Une loi qui aurait été votée le matin même si on
en croit les propos de l’auteur du clip.

© shutterstock
À en croire l’auteur du clip, la loi aurait été votée le matin
même à
l’Assemblée nationale. L’objectif affiché ? Restaurer un «
usage correct et respectueux » de la langue française en
milieu scolaire face à ce que le narrateur appelle une « dérive
lexicale préoccupante ». Il faut dire que les réseaux ne se
sont jamais emballés aussi tôt : « Bravo, enfin on est en
France » a ainsi commenté un internaute. D’autres ont quant à
eux crié au scandale : « La France a vraiment besoin
d’argent », « Macron oublie la liberté d’expression !
».
Une sanction
totalement en dehors du cadre légal
La vidéo postée par le compte TikTok « Actu_francetv » se
présente ainsi comme une source d’information sérieuse. Mais ni la
loi mentionnée, ni la conférence de presse invoquée, ni même les
propos supposément tenus par un inspecteur général ou le ministère
de l’Éducation nationale ne résistent à la moindre vérification.
Une simple consultation du Journal officiel suffit
d’ailleurs pour constater qu’aucune mesure de ce genre n’a été
votée. Pire encore, aucun cadre légal n’existe pour sanctionner par
une contravention l’usage de mots familiers ou d’argot en milieu
scolaire.
La
législation est claire
En réalité, les sanctions en milieu scolaire relèvent de la vie
interne des établissements. En cas de comportements jugés
inadaptés, un élève peut être convoqué en conseil de discipline,
voire être temporairement ou définitivement exclu. Mais en aucun
cas il ne peut être verbalisé, ni ses parents sanctionnés
financièrement pour des propos tenus dans l’enceinte d’un
établissement. Alors pourquoi s’intéresser à cette rumeur grotesque
? Parce que, comme le montrent les milliers de commentaires en
ligne, une large part des internautes n’a pas su distinguer la
fiction de l’information. Certains y ont même vu une mesure
liberticide. Pour d’autres, une nécessaire reprise en main de la
jeunesse. Mais dans tous les cas, la confusion règne.
Le pouvoir de la
désinformation
Cette affaire illustre en tout cas une fois de plus la puissance virale de la désinformation sur les
réseaux sociaux. Surtout lorsqu’elle cible un sujet sensible comme
l’école ou l’identité linguistique. Elle souligne ainsi l’urgence
d’éduquer au discernement numérique et à la vérification des
sources. Car si une blague peut faire rire, elle peut aussi, mal
comprise, façonner les esprits.