De la Nakba de 1948 à la «Nakba de Gaza», deux Israéliens racontent la déshumanisation des Palestiniens

Publié le 16 mai 2025 à 21:36. / Modifié le 16 mai 2025 à 21:52.

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«6h29». C’est en rappelant l’instant où débuta, le 7 octobre 2023, le massacre commis par le Hamas que les Israéliens Adam Raz et Assaf Bondy commencent Un Lexique de la brutalité (paru début mai, en hébreu uniquement). Dans cet ouvrage magistral, cet historien et ce sociologue vivant et travaillant en Israël explorent la «cage discursive» dans laquelle, disent-ils, leur gouvernement a enfermé leurs compatriotes. Une «cage» faite des mots utilisés pour déshumaniser les Palestiniens et banaliser, voire justifier les crimes commis contre eux. Ils en recensent 150 depuis octobre 2023, et en expliquent les racines.

Car «comme on dit en hébreu, il y a une histoire derrière chaque chose», précise Adam Raz lors du long entretien qu’il a accordé au Temps avec Assaf Bondy. C’est la raison pour laquelle le lexique construit par cet historien à l’Institut Akevot pour l’étude des conflits israélo-palestiniens et son coauteur sociologue à l’Université de Bristol et Tel-Aviv commence par «6h29». Cet instant où «quelque chose a basculé dans le cœur des Israéliens» s’inscrit dans un contexte, revendique Adam Raz. «Avant 6h29, il y a eu 6h28, 6h27, 6h26 et ainsi de suite. Que faisions-nous, alors, à Gaza? 6h29, ce n’est pas le point de départ de la tragédie que nous vivons. Ceux qui insistent sur ce point cherchent à dissimuler l’histoire de la répression.» Des propos extrêmement polémiques, mais Adam Raz assume. «Dévoiler la face sombre de mon pays, c’est mon job depuis quinze ans», affirme cet homme qui a travaillé sur les archives de 1948, notamment le massacre du village de Deir Yassine.