G-F1D83FRJTE
Trendy Topics

» « Concentrons-nous sur les Palestiniens plutôt que sur ma liberté » – Mahmoud Khalil

Khalil parle également de son expérience derrière les barreaux et de la menace d’expulsion qui pèse sur lui.

Dans sa première interview diffusée en direct depuis qu’il a été libéré de la détention de l’ICE [US Immigration and Customs Enforcement, NdT], l’activiste palestinien Mahmoud Khalil parle à Democracy Now ! de son expérience derrière les barreaux, de la menace d’expulsion qui pèse sur lui et des raisons pour lesquelles il continue à s’exprimer contre la guerre israélienne à Gaza, soutenue par les États-Unis. Ce diplômé de l’université de Columbia a été le premier manifestant pro-palestinien du campus à être emprisonné par l’administration Trump. Khalil est maintenant réuni avec sa femme Noor et son fils nouveau-né Deen, après avoir été libéré sous caution le mois dernier par un juge fédéral. Khalil affirme que les tentatives de l’administration Trump de le réduire au silence sont « une entourloupe pour détourner l’attention du génocide en Palestine. »

Amy Goodman : Ici Democracy Now !, democracynow.org, The War and Peace Report. Je suis Amy Goodman. Les autorités de Gaza affirment que les attaques israéliennes ont tué plus de 300 Palestiniens au cours des dernières 48 heures. Une frappe sur la maison du célèbre cardiologue Marwan al-Sultan à l’Hôpital indonésien a tué le médecin, ainsi que sa mère, sa sœur et sa tante. Il s’agit au moins du 70e professionnel de la santé tué par Israël au cours des 50 derniers jours. Ces événements surviennent alors que les Palestiniens affirment qu’au moins 33 personnes ont été massacrées aujourd’hui alors qu’elles faisaient la queue pour obtenir de l’aide dans les sites de distribution d’aide militarisés gérés par la soi-disant Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par les États-Unis et Israël. Ces meurtres, qui n’auraient pas été provoqués, ont eu lieu alors que l’Associated Press a publié une vidéo récente montrant des contractuels américains sur les sites de la GHF tirant à balles réelles et utilisant des grenades incapacitantes sur des Palestiniens affamés qui faisaient la queue pour obtenir de la nourriture. L’AP affirme avoir reçu ces images de deux sous-traitants américains qui souhaitent rester anonymes afin de dénoncer les abus. Les contractuels rapportent que les agents de sécurité étaient souvent non qualifiés, non contrôlés, lourdement armés et semblaient avoir toute latitude pour faire ce qu’ils voulaient. Dans ce clip publié par l’AP, les contractants poussent des cris de joie alors que des coups de feu retentissent. Cela intervient alors que l’administration Trump poursuit sa répression contre les manifestants pro-palestiniens, notamment dans les universités américaines.

Mahmoud Khalil est un résident permanent légal détenteur d’une carte verte qui n’a été accusé d’aucun crime, mais il a été détenu dans une prison de l’ICE à Jena, en Louisiane, pendant 104 jours. Tout cela intervient alors que des voix s’élèvent de plus en plus pour demander qu’Israël soit tenu pour responsable des crimes de guerre présumés commis à Gaza, y compris les attaques contre les hôpitaux. Mahmoud Khalil nous rejoint pour sa première émission en direct depuis sa libération. Mahmoud, bienvenue sur Democracy Now !

Mahmoud Khalil : Merci, Amy. Merci de m’avoir reçu.

Amy Goodman : J’aimerais commencer par la même question que celle que je vous ai posée à l’aéroport : quel effet cela fait-il d’être libre ?

Mahmoud Khalil : Je veux dire, absolument, cela va sans dire, cela fait du bien de retrouver sa famille et son fils. Mais en même temps, c’est difficile de voir le peuple palestinien se faire massacrer en ce moment même à Gaza. Et cela me donne encore plus de responsabilités pour continuer à défendre les droits des Palestiniens.

Et c’est sur cela que nous devons nous concentrer en ce moment, parce que ma liberté n’est rien comparée à la souffrance que le peuple palestinien endure en ce moment même en Palestine. Et c’est ce que le message devrait être, que ce soit mon arrestation, que l’accent mis en ce moment sur l’immigration, ce n’est qu’une distraction de ce qui se passe réellement en Palestine, que cette administration investit et finance des crimes de guerre à Gaza, que cette administration soutient inconditionnellement Israël, que ce soit sur le plan politique ou sur le plan militaire. C’est sur cela que nous devrions nous concentrer plutôt que sur des cas individuels, je crois.

Amy Goodman : Mahmoud, je me demande si vous pouvez nous ramener au 8 mars, ce jour où vous avez été emmené par la Sécurité intérieure ou par des agents fédéraux. Je ne sais même pas – à ce stade, savez-vous par qui vous avez été emmené ? Et que s’est-il passé ce jour-là, là où étiez-vous ?

Mahmoud Khalil : Oui, donc, l’administration Trump m’a fondamentalement arraché illégalement à ma famille, parce qu’elle essaie simplement de faire taire toute personne qui s’exprime contre les atrocités commises par Israël à l’encontre des Palestiniens. Les officiers ou les agents qui m’ont kidnappé ne se sont pas présentés. Ils ont d’abord dit qu’il s’agissait de la police, puis du DHS [Department of Homeland Security, NdT], sans donner aucun détail, sans même présenter de mandat d’arrêt, ce qui est la chose la plus élémentaire que toute application de la loi devrait faire dans un pays qui proclame la justice et le respect des procédures, ce qui n’a malheureusement pas été le cas. Ils m’ont donc enlevé et, pendant plus de 30 heures, ils m’ont déplacé d’un endroit à l’autre, me faisant littéralement parcourir plus de 2 200 kilomètres à travers le pays.

Amy Goodman : Puis-je vous poser une question ? L’un des hommes qui vous a enlevé dans votre logement de l’université de Columbia, est-il vrai qu’il s’agit de l’agent de la sécurité intérieure qui a été honoré par le président Trump lors de son premier mandat, Elvin Hernandez ?

Mahmoud Khalil : Pour être honnête, je n’ai pas d’informations concrètes à ce sujet. Deux semaines seulement se sont écoulées depuis ma libération. J’ai…

Amy Goodman : Et vous ne saviez pas à l’époque qui il…

Mahmoud Khalil : À l’intérieur, je n’avais pas accès à Internet.

Amy Goodman : Vous ne saviez pas à l’époque qui étaient ces hommes.

Mahmoud Khalil : Je ne le savais pas. Pour être honnête, l’histoire que le gouvernement a présentée a été modifiée une fois, une autre fois, pour servir sa version de l’histoire. Au début, ils ont dit : « Nous avions un mandat d’arrêt et nous avons arrêté Mahmoud à l’extérieur de Columbia, de sa résidence à Columbia. » Mais ensuite, lorsque nous avons présenté la preuve vidéo, ils ont dit : « Ah, il a essayé de s’enfuir. » Ces agents sont donc entraînés à mentir, ils sont entraînés à inciter à la violence ceux qu’ils cherchent à détenir.

Amy Goodman : Nous avons passé en boucle la vidéo de votre femme, le Dr Noor Abdalla, au téléphone avec l’avocat, essayant désespérément de comprendre ce qui se passait et où l’on vous emmenait. En fait, pouvez-vous nous parler du moment où vous avez envoyé un courriel au président de l’université de Columbia, le Dr Armstrong à l’époque, parce que vous étiez très inquiet de ce qui vous arrivait ? Vous vouliez obtenir une certaine forme de protection.

Mahmoud Khalil : Oui. Je veux dire, l’ICE… L’ICE agit comme la milice de Trump. C’est ainsi qu’ils fonctionnent désormais. Et nous pouvons le constater non seulement dans mon cas, mais aussi dans d’autres cas similaires dans tout le pays.

Dans les semaines qui ont précédé mon arrestation, j’ai remarqué une campagne de diffamation plus vicieuse et coordonnée contre moi en ligne, les mêmes – les mêmes comptes mentionnant Rubio, la Maison Blanche, mentionnant aussi, comme, des allégations sans fondement sur Mahmoud Khalil, qui est un étudiant international, un agent du Hamas et toutes ces étiquettes. Comme je n’avais pas de représentation juridique à ce moment-là, je voulais que Columbia me protège en premier, parce que ces acteurs sont des étudiants et des professeurs de Columbia, ceux qui menaient cette campagne de diffamation contre moi en ligne et demandaient à l’administration de m’expulser. C’est donc le minimum que Columbia aurait dû faire : protéger les étudiants contre ces acteurs hostiles. Et ce n’était pas… je veux dire, j’ai envoyé le courriel le matin de mon arrestation, je crois. Et ce n’était pas le premier courriel que nous envoyions à Columbia résté sans réponse.

Malheureusement, Columbia n’a pas traité et ne traite pas, jusqu’à présent, tous les étudiants sur un pied d’égalité. Ce qui les intéresse, c’est l’argent et la protection de leur image, plutôt que d’écouter leurs étudiants, de protéger leurs préoccupations légitimes, de ne pas réserver de traitement spécial aux Palestiniens ou aux étudiants qui soutiennent la Palestine sur le campus.

Amy Goodman : Je me demande si Columbia…

Mahmoud Khalil : Mais Columbia n’a rien fait.

Amy Goodman : L’université de Columbia vous a-t-elle soutenu d’une manière ou d’une autre ? Je me souviens que dans le cas de Rümeysa Öztürk, la boursière Fulbright de Tufts et étudiante diplômée également enlevée par des agents fédéraux, Tufts a écrit une déclaration de soutien. Et Suri Khan, le Dr Suri Khan de Georgetown, s’est également exprimé. Qu’en est-il de l’université Columbia en votre nom ?

Mahmoud Khalil : Columbia n’a offert aucune forme de soutien dans le cadre de la procédure judiciaire. C’est honteux de la part d’une université qui prétend soutenir les étudiants étrangers et la liberté d’expression. Mais ce n’est pas surprenant. Columbia a capitulé devant l’administration Trump, mais avant cela, elle a capitulé devant les donateurs et les politiciens sionistes de ce pays. Donc, les voir ne pas offrir ce genre de soutien n’était absolument pas surprenant, malheureusement.

Amy Goodman : Pouvez-vous nous parler de votre séjour dans la prison ICE de Jena ? Vous y avez été détenu pendant plus de cent jours. Pouvez-vous nous parler des autres prisonniers, des conditions de détention ? Et puis je veux en venir au jour où votre bébé, votre bébé Deen, est né sans que vous soyez là. Mais parlez de la prison jusqu’à ce moment-là.

Mahmoud Khalil : En prison, on passe 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 avec les mêmes personnes. L’une des choses que nous faisons, c’est de partager les histoires des gens du quartier. Et chaque jour, c’est une histoire plus déchirante qu’une autre, avec des personnes arrachées à la rue, ou pendant leur audience au tribunal, ou pendant les contrôles de l’ICE, alors que ces personnes essayaient d’obtenir leurs papiers. Ils n’ont commis aucun crime. Il y a donc un choc pour tous ceux qui arrivent et qui se demandent pourquoi ils sont là. J’ai partagé un dortoir avec plus de 70 hommes, et les histoires sont vraiment déchirantes, Amy, avec des gens qui laissent leur famille dehors sans aucune forme de soutien, des gens qui n’ont pas leurs droits – qui ne connaissent pas leurs droits, qui ne savent pas s’ils ont des droits, en fait. Et avec l’ICE, qui ne dit à personne quels sont ses droits et se contente d’expulser les gens, j’ai vu des gens signer sans le savoir leurs documents d’expulsion parce que les agents de l’ICE les avaient incités à le faire, ce qui est une violation flagrante de toute règle de droit ou de toute procédure régulière.

Et juste pour dire que les conditions à l’intérieur étaient horribles. La nourriture était horrible, la qualité du sommeil également, et l’atmosphère, où vous êtes à l’intérieur, vous ne savez pas ce qui se passe, et vous vous attendez simplement à suivre les ordres et à attendre qu’un agent de l’ICE vienne vous mettre au courant de votre dossier. Malheureusement, beaucoup de ces détenus ne sont pas représentés par un avocat. J’ai eu le privilège d’avoir une équipe juridique extraordinaire qui s’est battue en mon nom. Il a fallu trois mois pour que je sois libéré, bien que je sois un résident légal aux États-Unis. Alors, imaginez pour beaucoup de ces personnes qui n’ont pas ce genre de représentation et qui ont, par exemple, plus de complications dans leurs papiers.

Amy Goodman : Mahmoud, pouvez-vous nous parler du jour de la naissance de Deen, votre fils aîné ? Comment avez-vous appris que Noor avait accouché ?

Mahmoud Khalil : Ce jour-là a été l’un des plus difficiles de ma vie, car j’étais loin de ma femme et je n’avais pas la possibilité de la soutenir à ce moment-là. J’étais au téléphone et j’appelais toutes les heures pour savoir si Noor était en train d’accoucher, oui ou non. Au moment de l’accouchement, j’ai passé plus de trois heures au téléphone, de 1h00 – je crois 1h30 du matin jusqu’à 4h00 ou 4h30, à essayer de soutenir Noor autant que je le pouvais, parce que je ne voulais pas manquer ce moment.

Et ce qui a rendu cela très difficile, c’est que cela aurait pu être facilement évité, si l’administration Trump suivait la loi, ou au moins, m’avait offert une permission de sortie, pour aller et être avec ma famille pendant quelques heures. Mais ils ont refusé cela, parce que cette administration se nourrit de cruauté et se nourrit de séparation et de séparation des familles. Ce n’était donc pas surprenant.

Amy Goodman : Et pouvez-vous parler du moment où vous avez rencontré Deen pour la première fois ? Je veux dire, comme vous le décrivez maintenant, vous étiez vraiment avec Noor à ce moment-là. Bien sûr, vous étiez séparés, mais vous étiez là. Au téléphone, vous avez entendu ses premiers cris. Mais parlez-nous de la première fois où vous l’avez tenu dans vos bras. Je me souviens – je veux dire, c’était il y a seulement quelques semaines. Pourquoi vos avocats ont-ils dû se battre, une batterie d’avocats, pendant tant d’heures pour Noor et Deen, pour que vous puissiez avoir une visite de contact ? Je veux dire que vous n’avez pas été accusé d’un crime. Mais dans la prison – c’est bien cela – où c’était, à Jena, en Louisiane ?

Mahmoud Khalil : Oui. Comme vous l’avez dit, il ne devrait pas falloir une armée d’avocats pour obtenir une visite d’une heure et me laisser tenir mon fils. La première fois que j’ai vu mon fils, c’était à travers une vitre. Il était donc littéralement devant moi, mais séparé par une vitre. Je n’ai pas pu le prendre dans mes bras la première fois que je l’ai vu, ce qui m’a mis très, très en colère parce qu’une vitre d’un centimètre ou deux d’épaisseur m’empêchait de prendre mon fils dans mes bras.

Et tout cela est le fruit de la cruauté de cette administration, car son objectif est de me punir autant qu’elle le peut et de toutes les manières possibles, parce qu’elle veut me briser. Ils veulent faire de moi un exemple. La première fois que nous avons réussi à obtenir une décision de justice, imaginez que vous obteniez une décision de justice pour forcer l’ICE à me laisser tenir mon fils. Et nous l’avons obtenu pendant une heure, à 7 heures du matin. Ainsi, même s’ils ont accepté de le faire – ou, pas accepté – même s’ils ont été forcés de me permettre de tenir mon fils, ils ont choisi de le faire à 7 heures du matin lors de la détention.

Alors, je veux dire, le sentiment, je ne pense pas que je puisse le décrire. J’étais à la fois très heureux, mais aussi très en colère et triste qu’il nous ait fallu tous ces efforts pour passer cette heure en détention. Et surtout, j’étais très anxieux. Je regardais l’horloge pour savoir quand cette heure aller se terminer. Je ne voulais pas que cette heure s’achève. Et cette heure a été la plus rapide de ma vie, comme – vous savez ainsi… ça s’est passé comme cela.

Amy Goodman : Vous avez été libéré il y a moins de deux semaines, et vous vivez maintenant chez vous avec votre femme et votre fils en bas âge. Vous sentez-vous en sécurité ?

Mahmoud Khalil : Pour être honnête, Amy, je ne me sens pas vraiment en sécurité. Nous connaissons tous la rhétorique qui circule actuellement dans ce pays, l’islamophobie, la bigoterie et le racisme anti-palestiniens, et cette violence qui a été exportée par Israël dans ce pays. Je suis la cible de groupes affiliés au gouvernement israélien ici aux États-Unis, qui sont très dangereux et qui feraient n’importe quoi pour réduire les Palestiniens au silence, parce que, pour eux, il est beaucoup plus facile de faire taire que d’affronter le débat, parce qu’ils n’ont pas d’argument à opposer à ce qu’ils font en Palestine. C’est pourquoi ils veulent couper la conversation de toutes les façons possibles, même si cela signifie me blesser ou me faire du mal, à moi et à ma famille. C’est une préoccupation majeure. Mais c’est un prix que je dois accepter pour défendre les droits du peuple palestinien, car, une fois de plus, tout cela ne fait que détourner l’attention du génocide en Palestine. Et ces tentatives de me faire taire ne sont qu’un moyen pour eux de nous attaquer et de couper… de ne pas laisser le public savoir ce que fait Israël et comment les États-Unis sont complices de ce génocide.

Amy Goodman : Mahmoud Khalil, vous avez mené une marche depuis les marches de St. John the Divine jusqu’à l’université de Columbia, portant un drapeau palestinien comme une sorte de cape, avec un millier de sympathisants, et vous étiez l’un des leaders du campus à Columbia qui a donné lieu à tant de protestations et de manifestations dans tout le pays, sur les campus universitaires. De nombreux manifestants étaient juifs. Un grand nombre des personnes qui vous soutenaient et qui défilaient lorsque vous étiez détenu étaient juives. Je m’interrogeais : qu’est-ce que ce niveau de soutien juif a signifié pour vous ici aux États-Unis ?

Mahmoud Khalil : Tout d’abord, une correction : le mouvement étudiant à Columbia n’a pas de leaders. Je pense que tous les étudiants contribuent de manière égale au mouvement. Et il est mobilisé par un grand nombre d’étudiants, des centaines d’étudiants à l’université de Columbia.

Mais pour revenir à votre question, Amy, je veux dire que les étudiants juifs font partie intégrante du mouvement étudiant, que ce soit à Columbia ou aux États-Unis. Et c’est très, très important, parce que ces étudiants juifs montrent au monde que ce que fait Israël n’est pas en leur nom, n’est pas au nom de la sécurité juive, ce qui est très important. De plus, ces étudiants juifs agissent en fonction de leurs valeurs, à savoir la protection des faibles ou le soutien à la justice. C’est donc vraiment… pour nous, c’est très important. Cela montre que la cause palestinienne va au-delà des Palestiniens, des Arabes ou des musulmans. C’est une cause universelle pour la justice, la liberté et les droits humains.

Amy Goodman : Et enfin, Mahmoud, alors que vous êtes libre ici à New York, vous risquez toujours d’être expulsé ?

Mahmoud Khalil : Oui. Je veux dire que je suis maintenant en liberté sous caution, ce qui signifie que les procédures judiciaires peuvent se poursuivre pendant que je suis en liberté. Je risque donc toujours l’expulsion. Cependant, un juge, un juge fédéral, a statué que la détermination de Rubio sur ce que Rubio m’a fait est probablement inconstitutionnelle, et c’est pourquoi il a ordonné ma mise en liberté sous caution. Je suis donc persuadé que nous aurons gain de cause au tribunal, que les tentatives de l’administration pour nous faire taire ne seront pas couronnées de succès, et je vais maintenant demander des comptes. Je vais demander des comptes à cette administration, aux personnes et aux acteurs qui ont contribué à mon arrestation, et j’explore actuellement ces options avec mon avocat, parce qu’au départ, ce pourquoi je manifestais, c’était pour demander des comptes, pour tenir l’université Columbia et le gouvernement américain responsables de leur complicité dans les crimes de guerre et le génocide contre les Palestiniens. Et je continuerai à le faire, parce que ce qui m’est arrivé n’aurait pas dû se produire en premier lieu. Je n’aurais pas dû être poursuivi simplement pour ma liberté d’expression, simplement pour avoir défendu les droits des Palestiniens. Et ceux qui ont contribué à cela d’une manière ou d’une autre devraient être tenus pour responsables.

Amy Goodman : Mahmoud Khalil, merci beaucoup de nous avoir rejoints. Diplômé de l’université de Columbia, militant étudiant palestinien, il a été arrêté par l’ICE le 8 mars et détenu pendant 104 jours à la prison de l’ICE à Jena, en Louisiane. Pendant cette période, sa femme, le Dr Noor Abdalla, a donné naissance à leur premier enfant, Deen. Mahmoud a été libéré le 20 juin. Vous pouvez voir son arrivée à l’aéroport de Newark et la manifestation du lendemain devant St. John the Divine, où un millier de personnes l’ont accueilli, sur democracynow.org, ainsi que notre entretien avec Mohsen Mahdawi, également diplômé de l’université de Columbia après avoir été emprisonné dans le Vermont pendant plusieurs semaines. Vous pouvez consulter le site democracynow.org.

Amy Goodman est l’animatrice et la productrice exécutive de Democracy Now!, un programme d’information national, quotidien, indépendant et primé, diffusé sur plus de 1 100 chaînes de télévision et stations de radio publiques dans le monde entier. Le Time Magazine a nommé Democracy Now! son « Pick of the Podcasts », au même titre que « Meet the Press » de NBC.

Source : Truthout, Amy Goodman, DemocracyNow !, 03-07-2025

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

» « Concentrons-nous sur les Palestiniens plutôt que sur ma liberté » – Mahmoud Khalil

Related Articles

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Back to top button