Avec «Aussi dur que l’eau», Yan Lianke signe un grand roman d’amour sur fond de Révolution culturelle
Gao Tsé-toung et sa compagne Rouge Mei se croyaient déjà au sommet mais le vent de la révolution tourne vite. A la page 460, un jeune soldat prononce ces phrases, «dénuées du moindre sentiment de classe: «Montez là-dessus! Quand vous serez prêts à fournir une explication franche, vous nous appellerez.» Supplice chinois: ils doivent se tenir sur des tabourets munis de piques. Impossible de s’asseoir. Descendre, voire tomber, est interdit: le sol est couvert de portraits de Mao et le chemin qui mène au portail est jonché de statuettes du «Grand Timonier», tous objets qu’il est sacrilège de toucher.
Les deux héros se sont déjà tirés de situations délicates mais le lecteur a été averti dès la première page. Gao y annonce, au seuil du peloton d’exécution: «Quand je serai mort, au calme, je reconsidérerai ma vie, mes propos, mes démarches et ma marche, ainsi que l’énigme de cet amour de crotte de bique, de caca de chien.»