Au tour du fabricant d’acier lucernois Swiss Steel de solliciter l’aide de la Confédération
Il a savamment pesé le pour et le contre avant de prendre sa décision. En proie à d’importantes difficultés, Swiss Steel va demander à bénéficier, pour sa filiale Steeltec, du mécanisme d’aide transitoire mis en place par la Confédération afin d’aider les grands producteurs suisses d’acier et d’aluminium recyclé.
Le groupe alémanique l’a fait savoir mercredi dans un communiqué, précisant que le canton de Lucerne est en train d’étudier la possibilité d’un soutien. Prévoyant entre 2025 et 2028 une réduction de la taxe d’utilisation du réseau électrique, le dispositif élaboré par le Conseil fédéral à la demande du parlement exige que le canton de l’entreprise bénéficiaire de l’aide participe au soutien. Il doit octroyer une aide équivalent à au moins la moitié du montant débloqué.
La nature de la mesure prise ne doit rien au hasard, puisque la Suisse dispose de prix de l’électricité élevés en comparaison européenne. Un désavantage compétitif qui dessert les dernières aciéries du pays qui, de plus, évoluent dans un secteur hautement concurrentiel marqué par des distorsions de concurrence et des surcapacités de production. Notamment fournisseur de l’industrie automobile, Steeltec fait, qui plus est, les frais des difficultés que rencontrent les grands constructeurs allemands. Les droits de douane de 25% introduits sur l’acier et l’aluminium en mars par l’administration Trump risquent, en sus, de perturber à nouveau ce marché.
En 2024, le chiffre d’affaires de Swiss Steel a baissé de 14,3% sur un an, à 2,4 milliards d’euros. Le groupe qui emploie 7500 employés avait essuyé une perte brute d’exploitation de 35,5 millions, contre 102,2 millions un an plus tôt. La perte nette avait elle atteint 197,2 millions d’euros. Le groupe qui a procédé l’an dernier à une augmentation de capital a décidé de se retirer de la Bourse suisse et sera décoté la semaine prochaine.
Une aide soumise à des conditions strictes
Le communiqué de ce mercredi ne précise pas si Swiss Steel entend revoir la restructuration annoncée l’automne dernier, qui prévoyait la suppression de 130 emplois dans son aciérie lucernoise.
Pour bénéficier de l’aide de la Confédération, les quatre entreprises éligibles sont soumises à des conditions très strictes qui vont d’un programme de durabilité à des restrictions en matière de rémunération de leurs dirigeants et des garanties de maintien à long terme de leurs sites de production en Suisse.
Le précédent de Stahl Gerlafingen
Swiss Steel est la deuxième société à annoncer son intérêt à bénéficier d’un soutien étatique. Basée à Soleure et propriété du groupe italien Beltrame, l’aciérie Stahl Gerlafingen a également fait acte de candidature il y a deux semaines. Le gouvernement cantonal soleurois a de son côté transmis au législatif une demande de crédit de près de 4,6 millions de francs. Le Grand Conseil pourrait se prononcer cet automne sur ce soutien qui sera soumis au référendum facultatif.
Actives dans le secteur de l’aluminium, les sociétés valaisannes Novelis et Constellium n’ont à ce stade pas sollicité d’aide. La première a fait savoir à la NZZ y avoir renoncé, tandis que la deuxième n’a pas encore communiqué sa décision. Elle a jusqu’au 31 mai pour annoncer son intérêt à l’Office fédéral de l’énergie.