Buenos Aires se prépare à une mobilisation massive pour dénoncer la détention à domicile de Cristina Kirchner
Détenue chez elle
Depuis mardi, Cristina Kirchner, principale opposante au président ultralibéral Javier Milei, et figure-clef de la politique argentine depuis 20 ans, comme première dame, puis cheffe de l’Etat puis vice-présidente, est assignée à résidence dans son appartement du quartier de Constitucion, au centre-sud de la capitale.
Le 10 juin, elle a vu la Cour suprême, ultime recours, confirmer une condamnation de 2022 à une peine de six ans de prison et d’inéligibilité à vie pour administration frauduleuse – sur des marchés publics dans le sud du pays – pendant sa présidence (2007-2015).
Mardi, la justice l’a autorisée à effectuer sa peine à domicile, comme elle l’avait sollicité, arguant notamment de raisons de sécurité, mais avec un «dispositif de surveillance électronique», que le jugement n’a pas spécifié.
Bracelet électronique? Un avocat de Cristina Kirchner, Gregorio Dalbon, assurait à l’AFP mardi soir que le dispositif n’est «pas automatique» ni immédiat, et que le rapport d’une «équipe interdisciplinaire» d’exécution des peines doit au préalable évaluer la pertinence du dispositif en question.
«Un grand coup pour la démocratie», selon une militante
Depuis la condamnation du 10 juin, un noyau dur du militantisme péroniste s’est mobilisé autour de «CFK». Plusieurs centaines de partisans indéfectibles se sont relayés, y compris de nuit, en une garde quasi-permanente, entre chants, slogans, barbecues, sous ses fenêtres à Buenos Aires.
Sa condamnation est «un grand coup pour la démocratie, une procédure truffée d’irrégularités», pestait encore mardi Sofia Peroni, une communicante et militante de 28 ans. Mais assignée à résidence, «au moins Cristina reste proche du peuple, comme elle l’a toujours été». Et même inéligible, «elle restera une référente», assurait-elle.
Un rassemblement difficile à évaluer
Pour mercredi, la CGT, plus grande centrale syndicale a promis un «grand rassemblement populaire qui exprime le rejet d’une (condamnation) injuste, partiale et arbitraire», et appelé à des actions syndicales de soutien à travers le pays.
Mais au-delà des certitudes de la mouvance péroniste, le degré de mobilisation restait une inconnue: la grande marche un temps envisagée, 5 km depuis le domicile de Cristina Kirchner jusqu’au Palais de justice, a été abandonnée, l’ex-présidente n’étant plus tenue de s’y rendre pour se voir notifier l’assignation à résidence.
La mobilisation a finalement été convoquée pour 14h (18h en Suisse) Place de Mai, face à la présidence, sans rassemblement préalable près du domicile de Cristina Kirchner. Où le jugement de mardi a clairement posé comme condition de l’assignation à résidence «de s’abstenir de tout comportement susceptible de troubler la tranquillité du voisinage».
Du côté du gouvernement, passablement discret depuis le jugement de la Cour suprême, la perspective de mercredi n’alarmait pas outre mesure. Le chef du conseil des ministres, Guillermo Francos, a estimé que les mobilisations des derniers jours «répondent à la réaction initiale des militants kirchnéristes à la condamnation», qui «ne sera pas la même avec le temps qui passe (…) Je ne pense pas qu’il existe un climat de confrontation politique violente dans la société argentine», a-t-il diagnostiqué.