A Fribourg, la pianiste Manon Mullener donne la pulsation du monde
Au commencement, il y a Zoila, cette grand-mère cubaine de 95 ans qui évoque sa parfumerie à La Havane dans les années 1950. De cette rencontre est né La esquina del buen odor («le coin des bonnes odeurs»), titre qui ouvre le nouveau disque de la pianiste fribourgeoise Manon Mullener. Composé à partir de récits qu’elle a glanés aux quatre coins de la planète, Stories témoigne d’abord d’une qualité d’écoute. Bogota, La Havane, New York, jusque dans l’Etat mexicain du Yucatan, Manon Mullener transfigure ces anecdotes et histoires de vie qui lui ont été contées en autant de morceaux. Des mots aux notes, il y a son piano et le latin jazz, dont elle s’est imbibée lors de ses années de vie à Cuba.
Si ces sonorités afro-cubaines héritées du son, du danzon et du cha-cha-cha, sont devenues le vocabulaire familier de la pianiste, Manon Mullener les sculpte au gré de son imaginaire. Dans Nostalgia les rythmes de danses langoureuses épousent les saveurs d’une mélodie qu’on croirait familière dans sa texture tant le style latin est maîtrisé. Le résultat qui en découle est lui bien plus grand: il raconte en pointillé la modernité vibrante de la jeune génération du jazz qui continue de faire du métissage son univers, l’emprunt musical sa raison d’être et son essence. D’un pas de géant, voici les problématiques de l’appropriation esquivées.
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