Le documentariste français Marcel Ophüls est décédé
Marcel Ophüls, fils du grand cinéaste allemand Max Ophüls (La Ronde, Madame de…, Lola Montès), était né à Francfort-sur-le-Main (Allemagne) le 1er novembre 1927. Sa famille avait fui l’Allemagne nazie en 1933 pour s’installer en France, avant de devoir fuir à nouveau vers les Etats-Unis en 1941.
De retour en France en 1950, il débute comme assistant-réalisateur, notamment sur le dernier film de son père, Lola Montès (1955).
Grand ami de François Truffaut, il s’essaie à la fiction (Peau de Banane en 1963, avec Jean-Paul Belmondo et Jeanne Moreau, Faites vos jeux, mesdames en 1965) avant d’opter pour le documentaire, embauché par l’ORTF, la radio-télévision publique française.
Plusieurs films sur les crimes du nazisme
En 1969, il signe Le Chagrin et la pitié. Chronique d’une ville française – Clermont-Ferrand – sous l’Occupation allemande pendant la guerre, le film scandalise ses contemporains. Il est interdit jusqu’en 1981 à la télévision publique, qui l’a pourtant financé. Finalement projeté en salles en 1971, c’est un succès malgré sa durée (4h15).
Le film, qui explore les réalités de la Collaboration et de la Résistance, bouleverse la représentation que les Français se faisaient de leur propre histoire, en rompant avec le mythe d’une France unanimement résistante face aux Allemands. Il remporte un succès international et sera nommé pour l’Oscar du meilleur documentaire.
Ophüls revient à plusieurs reprises sur les crimes du nazisme, notamment avec L’Empreinte de la justice (1976), qu’il considérait comme son chef-d’oeuvre. Ce film-fleuve, de près de cinq heures, part des procès de Nuremberg pour interroger la responsabilité individuelle et collective face aux crimes de guerre et aux crimes contre l’humanité. Hotel Terminus – Klaus Barbie, sa vie et son temps, enquête rigoureuse sur le «Boucher de Lyon» et ceux qui ont protégé ce criminel de guerre nazi après la guerre, lui vaut l’Oscar du meilleur film documentaire en 1989.
Un défenseur de la démocratie
«A travers un regard personnel nourri par une exigence documentaire rigoureuse, Marcel Ophüls a su saisir les traces durables que l’Histoire et la politique inscrivent dans les vies. Il nous enjoignait à rester lucides, engagés, et profondément attachés à la démocratie», a écrit son petit-fils dans son communiqué.
Marcel Ophüls était veuf de Régine Ophüls, née Ackermann. Il laisse derrière lui ses trois filles ainsi que trois petits-enfants.