Que signifient ces 3 expressions marseillaises qui font leur apparition dans « Le Petit Robert » ?

« Soumission chimique » (fait d’administrer à une personne, à son insu ou sous la menace, des substances psychoactives en vue d’exercer des violences à son encontre), « chemsex » (usage de drogues lors de rapports sexuels)… Du procès des viols de Mazan à l’affaire Palmade, l’actualité a, cette année encore, propulsé des expressions dans le vocabulaire courant, facilitant leur entrée dans le dictionnaire.
Mais d’autres mots ont dû attendre plusieurs années avant de connaître un tel destin. C’est par exemple le cas de ces trois expressions marseillaises ayant fait leur apparition dans la nouvelle édition du Petit Robert, en librairie depuis jeudi 15 mai : « gâté », « tanquer » et « tarpin ».
Mon « gâté »
Les fans de Bande organisée, du collectif de rap 13’Organisé, ont de quoi se réjouir. « Ma gâtée », lançait le rappeur SCH au début de cette chanson à l’été 2020. Cinq ans plus tard, portée par le succès de ce tube, l’expression entre dans le dictionnaire.
Avant d’être repris par le rappeur et de se répandre dans tout l’Hexagone, ce terme était utilisé dans les Antilles, en Occitanie et à Marseille. Le mot « gâté » peut être employé au masculin ou au féminin pour désigner un être cher, souvent un ou une petit ami, et être traduit par « chéri » ou « chérie ». En fonction du contexte, il peut aussi signifier « câlin ».
Le Petit Robert a décidé de ne pas citer la chanson Bande organisée comme exemple dans sa définition de « gâté », mais une phrase issue du recueil de nouvelles Marseille rouge sangs. « C’est elle ma gâtée, ma préférée, mon caramel », écrit Éric Schulthess dans cet ouvrage.
C’est « tarpin » bien !
Les Marseillaises et Marseillais se distinguent aussi par l’utilisation du mot « tarpin ». « C’est tarpin bien », peut-on ainsi entendre dans les rues du sud-est de la France. Cet adverbe, équivalent de « cher » à Lyon, signifie « très » ou « beaucoup ».
L’origine de cet adverbe reste inconnue. Selon certains, « tarpin » serait issu du calo, une langue parlée par les populations gitanes mêlant romani et espagnol, tandis qu’une autre hypothèse stipule que ce serait une déformation de « tarpé », le verlan de « pétard », prononcé avec l’accent marseillais. Probablement fausses, ces théories ont tout de même le mérite de souligner les multiples influences du « parler marseillais ».
« Tanquer » un clou ou les cours
Un verbe venu de Marseille a aussi intégré Le Petit Robert cette année : « tanquer ». Ce mot peut avoir des significations très variées en fonction de son utilisation. On peut par exemple « tanquer un clou », c’est-à-dire le planter, « tanquer les cours » (faire l’école buissonnière), « se tanquer à un examen » (échouer), ou encore « être tanqué à la plage » (se tenir à la plage). Une chose « bien tanquée » est par ailleurs « bien faite ».